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REGISTRES D
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mariage, auroit, pour le bien et repos de ses pauvres subjeclz, faict publier l'eedict de paciffication, s'estant rendu plus bening qu'il n'estoit victorieux, et voulu mettre tout maltalent en oubliance, estoit sur le hault dudict arc une figure tenant une palme, pour representer une grande Victoire; laquelle estoit at­tachée et liée contre ung grand olivier; ct en l'aultre costé ung dieu Mars, avec ung visaige félon et cruel, lequel estoit attaché et enchainé d'une grosse chesne de fer contre le pied d'ung grand laurier, ayant son corps de cuirasse, espée et armes près de luy, comme signiffiant qu'il n'en avoit plus de besoing, par la pieté, doulceur et debonnaireté de nostre Roy, lequel auroit remis toutes les faultes passées, et en ce fai­sant arresté du tout la guerre en France; dont s'en­suivra le repos d'icelle, commerce et traficq de la marchandise, qui se pourra doresnavant exercer en toute liberté, comme il estoit demonstré par ung grand navire estant entre ceste Victoire et dieu Mars, pouvant maintenant voguer partout en seureté. En la table d'attente du milieu duquel arc, estoient ces vers :.
charles victorieux, au plus fort de sa gloire, S'est montré doux, clbmekt et gratieux guerrier, Ayant attaché Mars et sa grande Victoire, L'ung X ung olivier et l'autre à ung laurier.          [B]
Et soubz le dieu Mars estoient ces vers latins :
Foelix Mars alios postquam devicerat omnes, Vicit ad extremcm se, dans veniam hostibus, ipsum; Una trium Laurus pulcuerrima, quarta prioru.m.
Et soubz la Victoire, estoient ces autres vers :
MlLITIRUS DUCIBUSQUE TRIPLEX VICTORIA MULTIS, CAROLE, PARTA TIBI EST, TUA SED VICTORIA QUARTA PROPRIA PARTA TIBI, TE MILITE, TE DUCE SOLO.
Et pour faire entendre que ceste Victoire retenue et edict de paciffication est une chose ferme et stable, que Sa Majesté veult et entend estre inviolablement gardé et observé entre ses subjeetz, y avoict ung ta­bleau dans l'ung des costez, auquel estoit ung autel, et sur icelluy une pierre carrée, signiffiant stabilité et fermeté très assurée, avec une couppe de vin res-
pouldre s'appaisoient et retournoient toutes en leurs ruches.
Par ceste main espandant la pouldre estoit signif­fiée la prudence et sagesse d'icelle Royne, laquelle a accordé les deux partiz et faict retourner chacun en sa chacune par l'edict de paciffication, duquel cy après sera faict plus ample mention. Au dessoubz duquel tableau, estoient escriptz ces vers de Virgille :
Hl MOTUS AN1M0RUM ATQUE ILEC CERTAMINA TANTA PULVERIS EXIGUI JACTU COMPRESSA QUIESCUNT W.
Le reste de l'arc par en hault estoit ung comparti­ment dressé fortindustrieusement'2'. (Voir planche IV.)
Passant lequel arc et entrans dans le Pont Nostre Dame, sembloit que ce fussent les Champs Elisées, tant il estoit revestu de toutes partz de décorations et magnificence, n'y ayant maison celle part où il n'y eust une nymphe ou nayade relevée en bosse, re­presentant le naturel; les unes chargées de fruictz, les aultres de fleurs, autres de rasins, aultres d'es-piez de bled, comme les offrant et présentant au Roy, pour monstrer l'abondance de toutes choses estre retournée, en France par le moyen de son eedict de pacification. Entre lesquelles y avoit des festons de lierre et grandes armoiries entre deux, tant dudict sieur Roy, de la Royne sa Mere, Messei­gneurs ses Freres, que de la Ville de Paris, le tout dressé et couché par mesure et proportion conve­nable, sans qu'il y eust ung poinct qui passast l'aultre.
Le dessus estoit ung double compartiment de lierre, dressé en platte forme par parquetz et entre-latz de mesure, parmy lesquelz estoient aultres ar­moiries avec chiffres, devises et divers ornemens'3'. (Voirplanche V.)
A l'aultre bout estoit ung pareil arc de triomphe décoré et orné tout ainsi comme le precedent, au hault duquel, pour representer la bonté et clémence de nostre Roy, après tant de grandes victoires, et monstrer comme, se présentant l'occasion de son
(0 Virgile, Géorgiques, liv. IV, vers 86-87.
(s) Ici, dans l'imprimé, la septième gravure, représentant l'arc de triomphe à l'entrée du pont Notre-Dame ( fol. 35 v°), est précédée de ces mots : n Duquel le pourtraict est ici rapporté un peu plus près du naturel». C'est notre planche IV, que l'on peut voir à la page suivante.
(3> La décoration du pont Notre-Dame, dont la description, à côté des précédentes, paraît un peu écourtée (sdont pour n'ennuier le lecteur, dit Simon Bouquet, est icy représenté le pourtraict.-), forme le sujet de la huitième figure dans la relation imprimée (fol. 37). La Revue archéologique, tome V, 2e partie, planche CHI, n° 2, page 572, en a donné un dessin, dont l'aspect est loin de rappeler la gravure du xvie siècle. La reproduction que nous en donnons ci-contre (planche V) est au contraire d'ime exactitude absolue.