[i548]
DE LA VILLE DE PARIS.
139
CLX [CIX]. — [Préparatifs pour la
26 novembre 15
Du lundi, xxvime jour de Novembre mil vc xlviii.
En assemblée le jourd'huy faicte, en l'Ostel de la Ville de Paris, de Mess" les Prevost des Marchans, Eschevins et Conseillers de lad. Ville, suyvant les mandemens à eulx envoyez, pour adviser de l'hon­neur et reception honnorable que l'on doibt faire à la venue et entrée de la princesse de Ferrare, laquelle vient en ce pays prandre aliance par loy de ma­riage avec Mons' d'Aumalle, filz de Monseigneur le duc de Guise'1'; laquelle reception mond. sr le Prevost des Marchans a recité luy avoir esté ver­ballement commandé par le Roy, estant à Sainct Germain en Laye dernierement pour les affaires de lad. Ville, et luy faire tel honneur que à telle dame de son sang apartient et qu'il entend, et que, ce faisant, l'on luy fera grand plaisir et service. A esté par mond. sr le Prevost des Marchans demandé l'oppinyon sur lad. reception et bienvenue de lad. Princesse en cestedicte Ville, et prié aux assistans et comparans de declairer leur avis de la formalité de lad. reception; en laquelle assemblée estoient, c'est assavoir :
Mond. sr le Prevost des Marchans, Guyot;
Lecirier, Pommereul, Courtin,Eschevins ;
RÉCEPTION DE LA PRINCESSE DE FëRRARE.]
48. (Fol. 123 v°.)
Viole, M. de Bragelongne, Courtin, Perdrier, de Livres, de Montmirel et Lelieur, Conseillers d'icelle Ville.
Tous lesquelz, après avoir entendu la declaration de mond. sr le Prevost des Marchans et commande­ment à luy verballement fait par' le Roy, ont tous conclud, advisé et deliberé qu'on doibt aller au de­vant de lad. Princesse en robbes my parties par mesd. s" les Prevost des Marchans ct Eschevins, acompaignez de Mess™ les Conseillers, Quarteniers et bourgeois de Paris en leurs bous habitz, en grande compaignée, et les compaignées des archers, arbalestriers et hacquebutiers d'icelle Ville, à che­val, en leurs hoquetons dc livrée et javelines, pour garder et mectre ordre à la foulle du peuple ; et aller hors la porte, à la distance de l'abbaye Sainct An­thoine des Champs; ct au seurplus, luy faire presens de dragées ct autres telles solempnitez que l'on a acoustumé en tel cas, et par chascun jour; et que, à son entrée en lad. Ville, l'on doibt tirer et faire sonner artilleryes pour plus grande solempnité, actendu la recommendation faicte par le Roy, comme à son sang.
CLXI [CX]. — L'entrée de madame la princesse de Ferrare.
4 décembre 1568. (Fol. 124 v°.)
Du mardi, imme jour de Decembre mil vc xlviii.
Ce jourd'huy, environ une heure après mydi, sont partis de l'Ostel de la Ville de Paris Mess™ les Pre­vost des Marchans et Eschevins, vestuz de leurs robbes my parties, et le Receveur d'icelle, acompai­gnez d'aucuns de Mess™ les Conseillers de lad. Ville, Quarteniers et bourgeois, ayans devant eulx les compaignées des archers, arbalestriers et hacquebu­tiers de lad. Ville, conduitz par leurs cappitaines et lieuxtenans, vestuz de leurs hocquelons, bien mon­tez , ayans chascun une javeline de barde en la main, et les sergens de lad. Ville aussi à cheval. Et sont allez au devant de Madame la Princesse de Ferrare, qu'ilz ont rencontrée ung peu au delà dc la Bastille Sainct Anthoine. Et après plusieurs coups d'artillerye
tirée de dessus les boullevers et rampars de lad. Ville, Monsr m" Claude Guyot, Prevost des Mar­chans, luy a faict la reverence et dit ainsi qu'il en­suit :
Harangue à madame la princesse de Ferrare. "Combien, Madame, que les habitans de Paris, ville cappilalle du Royaulme, n'ayent acoustumé d'aller au devant, sinon du Roy, leur Prince et sou­verain seigneur, et de la Royne, à sa premiere en­trée en la Ville, toutesfoys, Madame, par le com­mandement du Roy, qui desire cn toutes sortes vous faire congnoistre combien vous estes la bien venue en son royaulme, nous vous venons au devant faire la reverance et porter l'honneur que nous sommes
C François, fils ainé de Claude de Lorraine, premier duc de Guise, né au château de Bar, ie 17 février 1519, assassiné par Poltrot de Méré, devant Orléans, le 18 février i563; il mourut six jours après. Son père décéda le 12 avril i55o, époque à la­quelle François échangea son nom de M. d'Aumale contre celui de duc de Guise, qu'il rendit si célèbre.