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poussé à ces derniéres limites. Qu'ils aient les cheveux flottants (Camilli ou relevés en diadème sur le front à la mode des matrones romaines (Cami/Av), leur chevelure s'harmonise toujours avec la beauté de la figure et la richesse du vêtement-prétexte; elle complète la distinction du sujet.
Cette recherche de la beauté, cette aspiration à la perfection n'a rien qui puisse étonner. Les Camilli n'étaient pas seulement des assistants des grands prêtres, ils étaient en mème temps des aspi­rants au sacerdoce. Le rôle qu'ils remplissaient près des autels cons­tituait une sorte de préparation à des fonctions plus élevées. Aucune loi, cependant, n'imposait cette sorte d'apprentissage, mais la cou­tume l'exigeait ; et c'est ce qui explique que les fils succédaient ordi­nairement aux pères dans leurs charges sacrées. Or l'officiant devait ctre agréable à la divinité à laquelle il sacrifiait. Et comment être plus agréable aux dieux qu'en unissant la beauté du corps à la pureté de l'esprit ?
Le Camillus que nous avons découvert ne dillère en rien de ceux connus. Cest un éphèbe aux jambes nues, vétu d'une tunique courte ct flottante retenue à la hanche par une ceinture que recouvre l'étoffe lâche du vêtement- La tète, régulièrement encadrée de cheveux abon­dants et bouclés que coiffe un bonnet surmonté lui-même d'orne ments, est droite et comme figée dans un calme hiératique. Les or­bites gardent en creux la marque d'un morceau de faïence, d'émail, de verre ou d'argent qui figurait les yeux, et le regard reste obscur comme la signification mème de la présence de ce bronze à l'endroit où nous l'avons trouvé.
ll s'avance dans une cadence qui est peut-être celle d'une marche sacrée, le rythme d'une danse. Ses jambes se meuvent dans un pas que l'absence d'un pied brisé n'empêche pas d'apercevoir et qui devait porter le corps tantôt ca droite,tantôt à gauche dans un mouvement réglé. De la main droite il tient une sorte de galette, assez sembla­ble à Line tarte étoilée de lignes. Esl-cc un gàteîui ? un instrument de musique? n'est-ce pas plutôt la boite à encens ? Le bras gauche, où manque la main, est levé comme s'il agitait des crotales ou tenait une coupe : peut-être celle contenant ie vin des libations.
Le travail décé morceau est scrupuleux avec rudesse. Comme on le voit dans la reproduction que nous en donnons, le corps est aplati à la manière des figurines archaïques, et la tunique dessine, de plis assez nails, les lignes du corps.