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là. affirmaient, non sans raison, que tout n'était que mise en scène et comédie de la part du parti janséniste.
C'est probablement au sujet de cet abbé que fut rimé le quatrain suivant, attribué à la duchesse du Maine :
Un décrotteur à la royale, Du talon gauche estropié,
Obtint, par grâce spéciale, D'être boiteux de l'autre pied.
Exaltées par le parti janséniste, les scènes qui se passaient journellement dans le charnier de Saint-Médard étaient fortement critiquées par la partie saine de la population. En dehors des molinistes, qui faisaient entrer dans leurs blâmes l'esprit de parti qui les animait, les gens sensés n'avaient pas assez de sarcasmes et de sévérités pour flétrir ces désordres sacrilèges, indignes de la raison humaine. Des hommes courageux n'hésitèrent pas à blâmer, sur le lieu même de leurs exploits, tous les charlatans qui spéculaient avec tant d'effronterie sur la crédulité de leurs contemporains. Lin prêtre irlandais, spectateur attristé de toutes ces bouffonneries, ne put contenir son indignation. A haute voix, et de façon à être entendu de tous, il s'écria : Voilà prier Dieu pour un damné ! Il eût été assommé par la foule si des gens prudents ne lui avaient facilité un refuge dans la sacristie de l'église où il trouva la sécurité.
LTn frère quêteur capucin, nommé Fiacre, alla plus loin. De propos délibéré, il se rendit au cimetière et se mit à prêcher contre le culte que l'on rendait au diacre, se moquant de ses cures miraculeuses et de ceux qui y ajoutaient foi. Ce prêche inopportun souleva la fureur de la multitude. Des fous furieux se jetèrent sur le téméraire prédicateur et le malmenèrent sans pitié; ce ne fut qu'à grand peine qu'il parvint à s'échapper.
L'aventure de ce frère capucin excita la verve satirique des jansénistes, qui la mirent en vers burlesques :
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Pour payer son impertinence, Deux ou trois gars du faubourg, Qui n'avaient pas cor le bras gourd, Aidés de toute l'assistance, Vous le frottirent d'importance.
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