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plein de l'Esprit-Saint et occupé de Dieu, à l'exemple de ses parents, l'a toujours servi avec fidélité.
Quoique l'ainé de sa famille, il a refusé les marques de distinction de ses ancêtres, la pompe de ses pères et ce que le monde a de plus brillant, étant par sa rare piété au-dessus de tous ces titres.
Véritablement pauvre au milieu de ses richesses, par un saint détachement d'esprit, il a distribué aux indigents ses revenus et le prix dc ses meubles les plus précieux, et n\i pas voulu être séparé d'eux, même par la sépulture.
A l'imitation de saint Paul, il préparait lui-même sa nourriture; eii! quelle nourriture !
Dans l'ordre du diaconat, il instruisit les clercs que ses supérieurs avaient conf és à ses soins, rempli qu'il était de cette science divine qu'il avait puisée dans les Saintes Ecritures, étant lui-même le modèle du clergé.
Craignant la réputation que ses vertus pouvaient lui acquérir, il choisit dans cette paroisse une retraite profonde, et fit en sorte de n'être connu que de Dieu seul, étant toujours supérieur aux attraits de ce monde f at-teur.
Il faisait ses délices de la pénitence, il ne vivait que d'un pain grossier et d'eau ; il y ajoutait quelquefois des légumes et ne mangeait qu'une fois le jour. Cest ainsi qu'il a vécu plusieurs années, et qu'il a été victorieux du lion rugissant.
Il couchait par terre et passait les nuits à prier, ne prenant qu'un peu de sommeil, étant véritablement un homme de désir.
Enfin il est mort en p.iix te i" mai i 72-, âgé de 37 ans en embrassant la croix à laquelle il avait été si étroitement attaché pendant sa vie, le visage serein et dans la joie, plein de foi et d'espérance de sc voir réuni avec Dieu, et étant plus consumé par le feu de sa charité que par celui de sa fièvre. On peut l'appeler avec justice une innocente victime de pénitence.
AI. Jérôme Nicolas de Pâris, conseiller au Parlement de Paris, a fait mettre cette épitaphe sur le tombeau de son cher frere pour donner quelque adoucissement à sa douleur, corrigée et tempérée par la foi.
L'inscription de cette épitaphe ne fut pas sans inspirer des craintes au parti janséniste. Avec raison, les amis du diacre appréhendaient de ce chef des difficultés de la part du gouvernement, hostile à leur cause. Afin de les éviter dans la mesure du possible, Jandrin soumit le texte de sa rédaction à l'archevêque de Paris, le cardinal de Noailles. Celui-ci l'approuva en disant : Faites-la graver dès ce soir, peut étre demain sera-t-il trop tard. Ce conseil fut suivi à la
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