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et ne se servit plus que de grosse serge. Le corps ceint d'une ceinture de fer, d'un cilice, d'une haire et d'une plaque de fil de fer en forme de cœur dont les pointes dont elle était armée lui entraient si profondément dans la chair que le sang coulait, il couchait tout vêtu, soit sur une paillasse, soit sur une planche posée à terre.
Malgré leurs rigueurs, ces austérités ne parurent pas suffisantes à François Pâris. Dans ses inquiétudes pour son salut, il en arriva à étre convaincu qu'il se perdrait s'il continuait à vivre dans la capitale. Le besoin de s'exiler hanta à nouveau son esprit et il déclara à deux de ses amis, MM. de Tournus et de Congis, qu'il était définitivement décidé à finir ses jours dans quelque solitude écartée. Dans ce but, il alla consulter un religieux bénédictin, dom Léauté, surnommé le grand jeûneur, qui vivait à l'abbaye de Sainte-Colombe , près de Sens. Ce religieux ayant déconseillé ses projets, le diacre se rendit auprès d'un de ses amis,l'abbé d'Asfeld, prètre pour lequel il avait la plus grande vénération, exilé à Villeneuve près de Sens pour cause de jansénisme. Ce dernier ayant combattu également ses intentions, François Pâris résolut de vivre à l'écart sans quitter Paris, A cette fin il fit choix d'une sorte d'appentis presque à jour, ne mesurant pas plus de dix à douze pieds carrés sur huit à dix de hauteur, existant dans le jardin attenant à son modeste logement de la rue des Bourguignons. Ses amis effrayés s'employèrent à le dissuader de mettre ses projets à exécution. Leurs tentatives demeurèrent inutiles. Tout ce qu'ils purent obtenir du diacre, à force de prières etde supplications, fut de faire construire dans le hangar une petite séparation en planches qui le garantirait du froid et la promesse de n'y pas coucher avant que les mauvais jours de l'hiver ne fussent passés.
Alors commença la vie la plus austère qu'il soit possible d'imaginer. Enfermé toute la journée dans son ermitage, le diacre n'en sortait qu'aux heures des offices et à celles des repas, pour se joindre aux deux compagnons qui composaient toute sa société, MM. de Congis etde Tournus. Son lit, lorsqu'on lui permit de coucher dans cette sorte de hutte, se composait d'une armoire renversée à laquelle on avait donné la longueur nécessaire à l'aide de quelques planche^. Pendant le jour ce grabat était garni d'un matelas, d'un oreiller et d'une couverture. Mais la nuit tout cet« attirail » disparaissait et Pâris couchait sur le bois nu (i). Quelque intolérables que fussent
(i) Voici comment était disposée cette petite habitation. Lediacre y avait ménagé quatre places séparées les unes des autres par une petite cloison. En entrant, à droite était son
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