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Le collège de Justice ne lui offrant pas tout le calme qu'il désirait, il chercha à entrer comme pensionnaire à l'abbaye de Ia Trappe. N'ayant pu réussir dans ses démarches, il abandonna son dessein et alla s'établir au troisième étage d'une maison de la rue de l'Arbalète, où il se fit connaître sous le nom de M. François. Sa nourriture journalière se composait alors de quelques œufs durs et d'une soupe que lui donnaient gratuitement ses voisins. Cependant, encore qu'il ait été déshérité en grande partie par son père, il restait au diacre un revenu annuel de plus de dix milles livres. Mais d'une générosité sans borne, et tout entier à ses mortifications, il distribuait aux pauvres qui l'entouraient l'intégralité de sa fortune, heureux de vivre, lui aussi, de charité.
Bientôt son logis de la rue de l'Arbalète ne répondit plus à son amour de la retraite et, en 1724, il alla habiter rue de Bourgogne, près le Val-de-Gràce, avec quatre ou cinq personnes, qui formèrent une petite communauté de solitaires. Là, selon ses désirs, il vécut en reclus, ne sortant de sa maison que les dimanches et fêtes pour aller entendre la messe à sa paroisse. Il passait ses journées en prières et méditations et durant tout le carême ne faisait qu'un repas par jour, vers six heures du soir.
Pourtant Ia présence de ses amis Ie gênait pour la vie qu'il voulait mener. Les priant de ne plus venir le troubler, il quitta sonjogis du Val-de-Gràce et alla se loger rue des Bourguignons avec un M. de Tournus, aussi ardent janséniste que lui. JA cette époque il en était arrivé à se priver presque complètement de nourriture, ne mangeant que des herbes crues dans l'eau, aliment auquel il donnait le nom de salade.
Voulant gagner sa misérable existence parle travail manuel, il se mit en apprentissage chez un ouvrier en bas et acheta un métier. L'image a popularisé ce côté de la vie du diacre, et nombreuses sont Ies gravures qui le représentent confectionnant cette partie de vêtement qu'il distribuait gratuitement aux malheureux de son quartier.
Mais le pauvre diacre jouait de malheur dans son désir de vivre ignoré de tous. Découvert dans sa nouvelle retraite et dénoncé au curé de sa paroisse, le P. Pomart curé de Saint-Médard, il se vit obligé de prendre sa place parmi les clercs de l'église et fut chargé du catéchisme des enfants et de la direction des clercs.
Néanmoins il continuait ses abstinences. A la recherche de tout ce qui pouvait augmenter ses mortifications, il se retrancha le linge
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