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gnés de 131 capitaines, élus pour la garde et défense de Paris, tenant la gauche ;
Enfin, terminant le cortège, des gens du roi, des greffiers, des avocats, des procureurs, des bourgeois, des marchands etun grand concours de peuple « en humilité, dévotion et réjouissance en Dieu, « luy rendant grâces de ladicte réconciliation, à l'exemple de ce qui « fut faict par commandement de Judas Machabée après la purifica-« tion du temple polu par le Roy Antiochus. comme il est escript au « 4e livre des Machabées » (1).
Les rues parcourues par la procession étaient ornées de tentures, tapisseries « et aultres ornements » ; des gardes, bien armés et bien équipés, se tenaient devant chaque maison située sur le chemin du cortège pour empêcher tout désordre (2).
Arrivés à Saint-Médard, lescardinaux etévêques prirent place dans le cheeur, pendant que le parlement et la ville se plaçaient dans la nef— la Cour du Parlement à droite, le prévôt des marchands et échevins à gauche. La messede réparation fut célébrée pontificalement par l'évêque d'Avranches, ayant l'abbé de Sainte-Geneviève comme diacre et le curé de Saint-Magloire comme sous-diacre. Un père jacobin, docteur en théologie, nommé Londre, prononça le sermon d'usage. Durant la cérémonie un sieur Le Ungre ou le Hongre (3), docteur de l'ordre deSaint-Dominique, prêcha au peuple, dans l'hôtel mème du patriarche, sur les dévastations qui avaient été commises six mois auparavant par les protestants.
Cette messe expiatoire fut suivie de nombreux massacres. Plus de soixante personnes, accusées d'appartenir au protestantisme, furent égorgées ou noyées par la populace —la « plèbe catholique », comme disent les historiens de l'époque appartenant à la religion réformée.
Ces assassinats ne sont point pour nous surprendre. Paris était alors dans une fermentation extrême. Ce qui exaspérait le plus le peuple
(i) Arrêt du Parlement de Paris portant qu'il sera fait une procession générale pour l'expiation des sacrilèges commis par les Huguenots dans l'église Sainct-Médard. (Archives curieuses de l'histoire de France, par Cimber et Danjou).
(2) « Du Samedy 13 juin, Ia Cour a enjoinct aux prévost des marchands et eschevins de cette « ville que depuis ladicte église de Paris (Notre-Dame) jusques à Saincte-Genevicve etd'illcc « jusques à Sainct-Médard, au devant de chascune maison où la procession passera, ily ait un « homme bien arme ct équippé de ceux qui ont esté levés pour la tuition et défence de la « dicte ville, outre ceux qui seront ordonnez en quel que nombre aux barrières et principaux « carrefours. « (Félibien et Lobineau, Histoire de la ville de Paris, preuves et pièces justi­ficatives.)
(,) Le même qui prononça à Notre-Dame, le 20 mars 1563, l'oraison funèbre du duc de Guise, assassiné devaut Orléans par Poltrot de Méré le 18 fevrier 1563.