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nommé Gabaston, qui, à la tète d'une troupe composée de sept ou huit cavaliers et aidé de Rouge-Aureille, pénétra à cheval dans l'église l'épée à la main i), apportant ainsi aux réformés un secours décisif (2~.
Ce Gabaston et son acolyte Rouge-Aureille soutenaient, du reste, les protestants. Lors de l'arrestation, dans la nuit du 9 au 10 décembre 1561, du fameux frère minime Jean de Hans, prédicateur à Saint-Merry, ils avaient nettement pris partie contre la « plèbe » catholique qui réclamait la mise en liberté du fougueux moine. A Saint-Médard, au lieu de séparer les combattants et de rétablir l'ordre, comme leurs fonctions les y obligeaient, ils combattirent avec acharnement en faveur des protestants. On les vit « faire espaule contre l'authorité du Parlement (3) ». Grâce à leur intervention, les catholiques durent s'avouer vaincus et céder la place à leurs adversaires.
Pendant ce temps, la plus grande partie des prêtres et des clercs « dont étoit chef le moyne curé » (5) s'étaient réfugiés dans le haut du clocher. Des combles, où ils s'étaient barricadés comme, dans un endroit inexpugnable, ils ne cessaient d'accabler de projectiles leurs assaillants, pendant qu'un certain nombre d'autres, restés à l'étage inférieur, continuaient à sonner les cloches. Furieux d'entendre continuellement cette sorte de tocsin —« cet appeau de sédition» — les protestants menacèrent de mettre le feu au clocher. Aidés de Gabaston et de ses archers, ils accumulèrent des fascines sur les marches de l'escalier de la tour. Devant cette menace et les préparatifs qui l'accompagnaient, les catholiques se rendirent. De ce fait l'échauffourée se trouva terminée: elle avait duré unedemi-heu.re.
Les victimes de cette sédition furent au nombre d'environ cinquante, tant tués que blessés. Quatorze catholiques, dont le prédicateur Barthélemy 1 lourdez, restèrent aux mains des calvinistes. « Le reste se sauva, notamment la populace qu'on laissa retirer K5). » Les prisonniers furent conduits solennement au Petit Châtelet « liés deux à deux d'une longue corde et quelques prêtres entre eux fortéplorés»
(1) u Gabaston, chevalier du guet, entra à cheval jusque devant le maistre autel et crioit, « en gascon corrompu: Pilla tout, pilla tout. » (Discours sur le saccageaient des églises catholiques par les hérétiques anciens et nouveaux cali'anistes en l'an 1562, par F. Claude de Sainctes, dans les Archives curieuses de l'Histoire de France, par Cimber et Danjou.)
(2) Si on en croit Condé (Mê»ioircs,\.. II), le clergé de Saint-Médard comptait sur le secours des paroisses de Notre-Dame-des-Champs, Saint-Victor et Sainte-Geneviève.
i3' Pasquier, Recherches, livre 15, tettre 19.
(4) Du Breul, ouvrage cité.
(5) La Popelinière, ouvrage cité.
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