|
|
||
|
— 170 —
çois Teilinck (i), qui lui mit la main au collet. Au même moment vint à passer un autre ecclésiastique ; la capture étant bonne, on l'arrêta également ainsi qu'un habitant du quartier qui avait commis le crime de blâmer à haute voix ces deux arrestations. François Teilinck agissait en vertu d'un ordre signé Fleury, membre du Comité central. Aidé de plusieurs accolytes, il conduisit ses prisonniers à la halle aux cuirs, rue Santeuil, où ils furent l'objet d'avanies sans nombre, et de là à la préfecture de police. Arrivés boulevard du Palais, les captifs furent reçus par Dacosta qui leur prodigua toutes sortes d'outrages. Mais Raoul Rigault ordonna, contre toute attente, leur élargissement une heure après leur arrivée.
Voici, d'après les écrits de l'époque, le dialogue qui aurait eu lieu entre l'abbé de Geslin et Raoul Rigault :
— Qui vous a arrêté ?
— C'est ce citoyen, répondit l'abbé de Geslin en montrant François Teilinck.
— De quel droit ?
— Je l'ignore.
— J'ai un ordre du Comité central, interrompit Teilinck.
— Il n'y a plus de Comité central, hurla Raoul Rigault ; ce sont des arrestations illégales. Je vous mets en liberté.
Et les trois prisonniers, munis de sauf-conduits, furent immédiatement relâchés.
Cependant Raoul Rigault ne tarda pas à se repentir de son acte de justice. Deux heures après le départ des prisonniers, il apprit que l'abbé de Geslin était le frère du général de ce nom et le proche parent d'un chef de bataillon des mobiles de la Bretagne qui, lors du mouvement du 31 octobre, avait chassé les émeutiers de l'Hôtel de ville. Avoir rendu la liberté à un tel prisonnier mit en fureur le potentat de la préfecture. Séance tenante il signa un ordre d'arrestation et envoya des émissaires à la recherche de M. de Geslin. Prévenu à temps par le suisse de son église, ce dernier put, fort heureusement, se cacher et échapper à toutes les recherches.
Le 15 mai, les fédérés prirent possession de Saint-Médard et y installèrent une sorte de corps de garde ; c'est à partir de ce moment que les dépradations dont nous avons parlé commencèrent ; elles durèrent onze jours, du 15 au 26 mai.
(i) Condamné à la déportation simple par le 12" conseil de guerre siégeant à Rueil, pour participation aux actes de Ia Commune, ll parvint à s'évader et ne fut pas repris.
|
||
|
|
||