— M4 —
la capitale Ieur culte s'exerçait sous l'œil bienveillant des pouvoirs publics (i^: seule Saint-Médard échappait à leur enseignement.
On eut alors recours au Gouvernement et, par la lettre suivante, on implora du Directoire l'allocation d'un secours.
14 fructidor an VI.
Citoyen Ministre,
D'après la demande que je vous ai faite, par ma lettre du 24 messidor dernier, d'une somme de quatre cents francs pour l'établissement du culte théophilanthropique dans les églises Jacques-du-Haut-Pas et Médard, vous avez eu la bonté d'accorder provisoirement, par votre lettre du 2 ther­midor dernier, la moitié de cette somme. Je n'ai pas cru devoir aller rece­voir cette somme à la comptabilité de votre Ministère avant que l'Admi­nistration centrale eût autorisé l'exercice de ce culte dans le temple de Jacques-du-Haut-Pas. Cette autorisation est obtenue. La théophilanthropie sera prêchée dans ledit temple décadi prochain, mais le but politique et moral que je me suis proposé dans cette opération serait manqué si le temple Médard n'était aussi théophilanthropisé. Ce serait le seul des quinze édifices réservés pour les cultes où la théophilanthropie ne serait pas établie, et à coup sûr il deviendrait le rendez-vous de tous les fanatiques, intolérants, royalistes et contre-révolutionnaires, qui surabondaient à Jacques-du-Haut-Pas. Cette dernière opération faite, les catholiques ne qualifieront plus ces deux édifices d'églises vierges.
11s seront forcés à la tolérance. Leur influence sera modifiée et le roya­lisme comprimé. Car j'ai acquis la certitude que le catholicisme est plus que cousin germain du royalisme. Je vous prie donc. Citoyen Ministre, d'accorder le surplus de ma demande qui était de quatre cents francs.
Le culte théophilanthropique n'occasionne des dépenses que dans son établissement; les premiers frais faits, l'entretien ne coûte plus rien, et la demande que je vous ai faite de quatre cents francs pour ces deux objets est d'autant plusmodérée que, malgré la plus rigoureuse économie, elle ne sera pas suffisante ; mais j'ai vu la pénurie de nos finances, j'ai vu le zèle de nos bons théophilanthropes et j'ai dit : l'amour du bien public fera le reste. Je suis très convaincu. Citoyen Ministre, que cette dépense sera très
(i) Le Gouvernement protégeait si bien les théophiianthropes qu'il n'hésita pas à mettre la police à leur disposition. A Saint-Eustache, entre autres, des sentinelles furent postées à toutes les portes de l'église, avec ordre de ne laisser pénétrer que les personnes munies de cartes d'entrée.
A Saint-Merry, le commissaire du Directoire, accompagné de la municipalité de l'arrondis­sement, assista en grande pompe à la cérémonie d'inauguration et y prononça un discours. A.Mathiez, la Théophilanthropie et le Culte décadaire, 1796-1801.)