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se développer aussi rapidement que l'auraient désiré ses adeptes. Malgré les nombreux subsides donnés à la cause par un de ses plus fidèles adhérents, le riche banquier Lecoulteux (de Canteleu), l'absence de ressources était si complète que les théophilanthropes ne parvinrent pas à couvrir eux-mêmes les modestes frais qu'en­traînait l'organisation de leur culte dans les différentes églises de la capitale (1). On les vit, en désespoir de cause, solliciter du Gouvernement des subventions, qui leur furent accordées sur les fonds de la Police (2).
Ces divers obstacles réunis obligèrent les théophilantropes à n'oc­cuper les églises constitutionnelles de Paris que progressivement, au fur et à mesure que leurs cadres se créaient (3). Leur complet
(i) 300 francs à Saint-Laurent; 200 francs à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, etc.
(2)  Dans le compte rendu du commissaire exécutif près le département de la Seine sur la situation politique du département pendant l'an VI jusqu'au i-r messidor (22 septembre 1797, 19 juin 1798), il est dit que les théophilanthropes n'ont pu encore s'établir dans deux églises de la capitale, les édifices Jacques-du-Haut-Pas et Médard, faute de fonds, et qu'il serait utile qu'on accordât un secours de 300 francs pour leur permettre d'occuper ces deux temples. (Archives nationales F7 7419, n° 5585). 200 francs furent accordés le 14 fructidor an VI (31 août 1798) pour l'installation du culte théophilanthropique à Saint-Jacques-du-Haut-Pas. (Archives nationales F7 7419, n° 5558). Dès qu'ils furent à Saint-Jacques-du-Haut-Pas. les théophilanthropes demandèrent aux prêtres constitutionnels dela paroisse à n'avoir qu'un même autel comme ils n'avaient qu'un même Dieu. Comme bien on pense, le clergé catholique refusa la proposition qui lui était faite et préféra abandonner à ses adversaires l'autel dont il se ser­vait et en construire un nouveau pour lui. (Journal la Clef du cabinet du 26 fructidor an VI (12 septembre 1798). Saint-Jacques-du-Haut-Pas fut alors séparée en deux : les théophilan­thropes occupèrent le chœur, et les constitutionnels la nef du monument.
(3)  La première cérémonie religieuse des théophilanthropes eut lieu le 26 nivôse an V-15 jan­vier 1797) dans la chapelle de l'hôpital Sainte-Catherine (a), situé rue Saint-Denis, au coin de la rue des Lombards. Peu à peu le groupe étendit son action et ses cérémonies se multi­plièrent. Celles-ci ne semblent pas avoir été jamais bien imposantes. « La curiosité m'a conduit dimanche dernier à une réunion de théophilanthropes ; elle était composée d'environ 300 per­sonnes, dont le plus grand nombre, par l'habillement et le maintien, paraissait appartenir à une classe d'ouvriers qu'on m rencontre pas dans les ateliers et dont on se détourne sur les quais. Un autel semblable à ceux de l'Opéra quand ils sont mesquins, était à l'extrémité de la salle. Au milieu il y avait une chaire ; ceux qui l'ont occupée se sont successivement passe une redingote blanche, qui est, sans doute, le vêtement sacerdotal... Je trouvais tout cela assez plat... » (Nouvelles politiques du 21 messidor an V, 9 juillet 1797.)
« Cependant on a regretté qu'il n'y ait pas toujours parmi ceux qui le pratiquent un maintien propre à imposer le respect, quelques-uns ayant manifesté peu de recueillement ou ayant assisté aux exercices la tête couverte. » (Rapport du Dureau central des 20 et 21 brumaire an Vl, io et 11 novembre 1797, signé Lessoré.)
a) Hôpital Sainte-Catherine. — Fondée au xii- siècle, cette maisonde secours porta d'abord le nom d'Hôpital des pauvres malades de Sainte-Opportune. Au xiii- siècle, le pape Ho­noré III la m'.t sous la protection du Saint-Siège, et changea son nom en celui d'Hôpital de la Maison-Dieu-Sainte -Catherine (bulle du 17 janvier 1222). Elle était desservie par onze reli­gieuses qui tenaient la règle de « monsieur saint Augustin ». Ces religieuses devaient « rece-« voir toutes pauvres femmes et filles par chacune nuict, et les héberger par trois jours con-<• sécutifs, ...quinze grands Hets sont en deux grandes salles basses; aucunes fois sont si « plains, que aucunes desdites femmes sont contrainctes coucher entre les deux portes de la « maison... De plus les religieuses sont tenues de recueillir en leur dite maison tous les corps