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La prise de possession de Saint-Médard par le clergé constitution­nel à un moment où l'arrêté du 4 frimaire avait encore force de loi démontre combien la décision de la Commune de Paris avait été de tout temps impopulaire. Le choix même de cette église située au milieu du quartier Saint-Marceau, regardé alors comme un des plus mal famés de la capitale, prouve que cette impopularité n'était pas limitée à la partie riche ou simplement aisée de la population, mais qu'elle était générale. S'il en avait etc autrement, le clergé jureur n'aurait pas osé entrer en lutte avec la Convention qui avait approuvé et étendu à toute la France les dispositions de l'arrêté du 4 frimaire. Il n'aurait pas, surtout, choisi pour ses manifestations l'église d'un quartier miséreux, habité par une population toujours prête à se por­ter au pires violences contre ceux qu'elle regardait, à tort ou à raison, comme adversaires des idées qui lui étaient chères et ennemis du gouvernement qui avait ses préférences.
Installation du Presbytère de Paris a Saint-Médard. — La promulgation du décret de ventôse trouva le diocèse de Paris com­plètement désorganisé. Son évêque Gobel était mort sur l'échafaud, et personne n'avait qualité pour le remplacera cette heuredifficile où tout était à rétablir. Devant l'hostilité manifeste des pouvoirs pu­blics (i), en présence des deux clergés catholiques — les constitu­tionnels et les réfractaires,qui sedisputaient les églises (2),—en face des cultes dissidents et des cérémonies décadaires qui se célébraient dans les édifices religieux, aucune autorité n'existait pour donner au clergé catholique l'unité de direction que les circonstances exigaient. Cette situation déplorable pouvait, en se prolongeant, entraver la renaissance du culte catholique à Paris et rendre, peut-être, impos­sible l'application de la loi de ventôse et de celle de prairial. C'est alors que, sur l'initiative de Grégoire, Saurine et surtout Royer, qui exerça dans l'occurrence une influence prépondérante, un certain nombre de curés et d'ecclésiastiques de la capitale se réunirent en
(i) Le Comité dela section du Finistère fit emprisonner un habitant du quartier qui avait tenté de rétablir le culte catholique dans la ehapelle des religieuses anglaises de la rue de Lourcine. ...ll manda celui à qui la chapelle avait été cédée, le força à résilier le bail qu'il avait signé, ot finit par l'envoyer en prison pour avoir voulu profiter de la liberté des cultes. (A. Gazier, Etudes sur l'histoire religieuse de la Révolution française, p. 222.)
(2) « Les insermentés et leurs partisans reprirent immédiatement l'exercice du culte, et, « comme ils étaient riches, il ne leur fut pas difficile de trouver des chapelles particulières. « On vit des prêtres rentrés montrer en toute occasion un zèle extraordinaire, rebaptiser, « reconfesser et remarier ceux qui depuis 1791 avaient eu recours au ministère des jureurs. » (A. Gazier, ouvrage cité.)