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3 ventôse an III (21 février 1795), voté sur le rapport présenté par Boissy d'Anglas au nom des Comités de Salut public, de Sûreté générale et de Législation réunis, proclama la liberté des cultes (i).
Trois mois plus tard, ce décret fut complété par celui du 11 prairial an III (3o mai 1795) (2), rendu sous la pression du peuple de Paris à la suite de l'insurrection du ier au 4 prairial (20-23 mai).
Par ce décret la Convention nationale, « voulant assurer de plus en plus le libre exercice des cultes », décréta qu'un édifice pour chacun des douze arrondissements de la capitale serait accordé aux citoyens pour la célébration des exercices des cultes religieux dans la commune de Paris, et que le Directoire du gouvernement désignerait, dans la décade suivante, les monuments qu'il y aurait lieu d'affecter à cet usage.
L'assemblée départementale s'empressa d'exécuter les ordres qui lui étaient donnés (3). Mais comme douze églises étaient notoirement insuffisantes pour une population aussi considérable que celle de la capitale et de ses faubourgs, elle prit sur elle d'augmenter légèrement le chiffre indiqué par la loi, et porta de douze à quinze le nombre des édifices dans lesquels l'exercice du culte catholique serait autorisé. Ces églises furent : Saint-Thomas-d'Aquin, Saint-Sulpice, Sainl-Jacques-du-Haut-Pas, Saint-Etienne-du-Mont, Notre-Dame, Saint-A/édard, Saint-Roch, Saint-Eustache, Saint-Germain-l'Auxer-rois, Saint-Merry, Saint-Nicolas-des-Champs et Saint-Gervais pour Paris; Saint-Philippe-du-Roule, Saint-Laurent et Sainte-Marguerite pour les faubourgs. Ces trois dernières églises virent leur existence reconnue officiellement quelques jours plus tard, par le décret du 3o prairial (18 juin).
Le décret de prairial répondait si bien au désir de la population (4)
i Le décret du 3 ventôse fut accueilli avec des cris de joie par l'immense majorité des Francais, et les journaux célébrèrent à l'envi ce « juste et sublime décret, ee décret salutaire » qui devait assurer enfin le bonheur du peuple et réjouir les « âmes sensibles ». (L'Orateur du peuple, par Fréron, n° 80, 5 ventôse ; le Journal des Municipalités, du 5 ventôse ; Ie Décadaire du Haut-Rhin, etc., A. Gazier, ouv. cité.)
Au 21 germinal an III, les femmes du faubourg Saint-Marcel disaient que c'était hier l'avant-dernière décade que l'on fêtait, que l'autre décade tomberait un dimanche, et qu'à partir de ee jour l'on suivrait l'ancien calendrier, qu'un ouvrier ne pouvait travailler neuf jours sans se reposer. (Schmidt, Tableaux de la Révolution française, t. II.)
(2) En vertu de ce décret les édifices non aliénés destinés originairement aux exercices d'un ou plusieurs cultes et dont les communes étaient en possession au premier jour de l'an II de la République (21 septembre 1793) étaient rendus provisoirement aux municipalités.
(3Ï Arrêté du 20 prairial an IlI (8 juin 1795).
(41 " On s'aperçoit dans cette ville (Paris) que la liberté des cultes n'est point illusoire; plu-11 sieurs églises é'taient ce matin (24 ventôse an III, 14 mars 1795) si pleines de fidèles que leur
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