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Cette opération ne s'était pas faite sans difficulté, et le Directoire de Paris dut employer la force armée pour faire exécuter sa décision. A Saint-Médard, la résistance fut des plus énergique. Dès qu'il eut connaissance que la Municipalité faisait enlever les cloches de vive force, le Conseil de Fabrique se réunit en hâte et protesta, dans les termes qui suivent, contre ce qu'il regardait comme une violation manifeste du droit de propriété (i) :
L'An mil sept cent quatre-vingt-douze, le quatrième de la liberté, le i i juillet, en l'Assemblée de MM. les Curé et Marguilliers, tant Anciens qu'en Charge de l'Œuvre et Fabrique de l'Église Paroissiale de Saint-Médard de Paris, convoquée par billets et au son de la cloche, en la manière accoutumée ;
Sur ce qu'il a été annoncé que la Municipalité commençait à faire exécuter à force armée son Arrêté du 25 mai 1792, qui porte qu'il n'y aura que deux cloches dans chaque paroisse, et que le surplus des cloches sera enlevé et porté à la Monnaie,
Déclare : i0 Que les cloches appartenant aux Fabriques des Églises paroissiales
sept cent soixante-un, à la messe solennelle, ct ensuite à la bénédiction des cloches de la paroisse S. Médard, qui se fera ledit jour à huit heures précises du matin, par Monseigneur l'archevêque de Paris.
« De la part dt Messieurs les curés e t marguilliers de ladite Paroisse.
« Pour deux personnes.
« Il faut être porteur du présent billet pour entrer.
« Bouillerot, Saint-Ange, Deruelle, Dubois. Pichard. »
Par son libellé, cette invitation semblait indiquer que curé et marguilliers étaient d'accord. Il n'en était rien cependant.
Peu de jours avant la cérémonie les marguilliers ayant fait connaitre qu'ils avaient désigné, pour marraine des nouvelles cloches, la Supérieure de l'hôpital de la "Miséricorde, sis rue Mouffetard, religieuse vaguement soupçonnée de jansénisme, le curé Hardy de Levaré, sur l'ordre de l'Archevêque de Paris, s'opposa à cette désignation et invita les membres du Conseil de fabrique à choisir une autre personne pour remplir ces fonctions.
Les marguilliers se refusèrent à obtempérer à l'ordre qui leur était ainsi signifié, tenant « la parole qu'ils ont donnée de ne pas prier d'autre marraine ».
Personne ne voulant céder, les cloches de Saint-Médard ne furent pas baptisées et de ce fait ne reçurent aucun nom.
Voici, d'après une lettre autographe de la sœur Saint-Louis, religieuse hospitalière dela rue Mouffetard, les noms qui avaient été choisis :
Christophe. — Monseigneur l'archevêque.
Médard. - La Paroisse.
Geneviève. — La Rannière ou Chapelle.
Toinette. — Le nom du jour de la bénédiction.
Marie-Jeanne. — On l'ignore.
Pierrette. — M. le curé s'appelle Pierre.
{Manuscrit inédit. — Archives de M. A. Gazier.)
d', /îxtrait du registre des délibérations de la fabrique de la paroisse de Saint-hêdard, De 1 imprimerie de Cnardon, rue de la Harpe, n- 9. I7y2 (llritish Muséum FR. 13, 42).
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