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Ai arie Vilmondel n'était pas une inconnue pour le clergé de la paroisse. Depuis longtemps on connaissait ses opinions religieuses et ses intentions au scandale. L'abbé Cantuel, cependant, s'empressa de se rendre à l'appel qu'elle lui avait adressé. Sans laisser percer ses sentiments, il lui demanda, comme c'était la règle, si elle n'était pas janséniste et, dans le cas de l'affirmative, si elle persistait dans ses opinions religieuses. La mourante ayant répondu qu'elle entendait garder les croyances qu'elle n'avait cessé de professer toute sa vie, se vit refuser les sacrements qu'elle avait demandés.
C'était ce qu'attendait Marie Vilmondel pour faire l'éclat qu'elle méditait. Sans perdre un instant, elle fit faire sommation au curé de la paroisse, Pierre Hardy de Levaré, et à ses deux vicaires, Cussac et Cantuel, d'avoir à lui administrer les derniers sacrements. Cette triple sommation fut faite le 23 novembre 1761, par les soins d'un huissier audiencier à la Cour des Monnaies, le sieur Louis-Nicolas Parquois. Le curé étant absent de la paroisse, la sommation lui fut signifiée par « attache à sa porte ». Quant aux deux vicaires, ils répondirent qu'ayant des ordres verbaux de l'archevêque, ils ne pouvaient déférer à cette réquisition. Devant ce refus une sentence du Châtelet, en date du 24 novembre 1761, décréta de prises de corps le curé et ses deux vicaires. Pierre Hardy de Levaré et Cantuel évitèrent la prison par Ia fuite; seul Cussac fut arrêté le même jour, à onze heures du soir, et incarcéré.
Quelques jours plus tard, le 3o novembre, Antoine-Jean Piault, huissier audiencier au Châtelet, domicilié rue de la Cossonnerie, paroisse Saint-Eustache, se présenta rue d'Orléans, au presbytère de Saint-Médard, pour appréhender le curé. En l'absence de celui-ci, ce fut son neveu, Hardy de Levaré, qui reçut le représentant du tribunal. II lui fit connaître que son oncle était absent, qu'il ignorait où il se trouvait et ne savait le jour où il rentrerait. Ne pouvant exécuter le mandat dont il était porteur, le sieur Piault se contenta de perquisitionner dans la maison et de saisir tous les objets mobiliers qu'elle contenait à l'usage du prévenu.
Pendant ce temps l'autorité ecclésiastique mettait tout en œuvre pour sauver les accusés. Dès qu'il fut avisé de l'arrestation de l'abbé Cussac, l'archevêque de Paris fit présenter au Châtelet une requète par le promoteur général de l'Archevêché (i), tendant à ce
(i) Le promoteur ecclésiastique remplissait les fonctions de Ministère public auprès du Tribunal de l'officialité.
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