une nouvelle requète devant le Conseil d'État. Ils furent aidés dans-ce nouveau procès par les anciens marguilliers qui, trois jours plus tard, le 29 mars, demandèrent également ca la justice d'ordonner le retour de l'ancien curé. Par un arret sans appel du 23 mars 1733, « rendu contradictoirement et sur production des parties, entre les marguilliers en charge et les anciens de la paroisse de Saint-Médard, appelants », le Conseil d'Etat déclara que le sieur Coifferel serait maintenu dans la possession et jouissance de Saint-Médard, et que les nommés Bouillerot, Boudon, Moynerry et autres anciens mar­guilliers étaient « non recevables en leur demande portée parleur requête du 29 mars 1732 ». Enfin, par le même arrêt, les sieurs Jacques-Etienne Le Sour, Jacques Goria, Claude Sourdeval et Jean Prévost, marguilliers en charge, furent condamnés «personnellement en leurs propres et privez noms » en quatre cents livres de dom­mages et intérêts envers le curé Coifferel. Cette sévère condamnation vainquit la résistance de la paroisse et mit fin au conflit.
Une surprise attendait les marguilliers de Saint-Médard.
Quand, après le départ du curé Pomart, ils eurent abandonné les fonctions qu'ils occupaient au sein du conseil de fabrique, le Père Coifferel se vit dans la nécessité d'assurer l'administration de la pa­roisse qui lui était confiée. Aidé de deux neveux, les sieurs de Lécluse 11), qu'il avait appelés auprès de lui en qualité de vicaires, et d'un boulanger du quartier, le sieur Lebis, « ne sachant ni lire ni écrire », qu'il nomma trésorier et régisseur perpétuel des affaires et biens de la fabrique, il administra seul son église, au grand désap­pointement de ses adversaires.
Aussi, quand après leur condamnation les marguilliers vinrent à la paroisse pour y reprendre leurs anciennes fonctions, se virent-ils éconduitspar le Père Coifferel, qui leur fit remarquer que durant les deux années qu'avaient duré le procès qu'ils lui avaient intenté il
(i) Jacques de Lécluse, docteur en Sorbonne, premier vicaire dc Saint-Médard et ensuite curé dc Saint-Nicolas-des-Champs à Paris. Anti-janséniste, il combattit avec ardeur le culte rendu à la mémoire du diacre Pâris ct n'hésita pas, dans son zèle, à entrer en lutte avec ses supérieurs, le P. Collet-Duqucsnay et le P. Gerbault, qu'il accusait dc tiédeur. Son fanatisme fut si intolérant que Collet-Duquesnay et Gerbault demandèrent, niais en vain, son déplace­ment. N'ayant pu obtenir une chaire dc théologie en Sorbonne, il accepta la cure de Saint-Nicolas-des-Cliamps. Si nous en croyons les Nouvelles Ecclésiastiques, son intolérance lui créa de nombreuses difficultés dant l'administration dc sa paroisse. Obligé de quitter Paris pour éviter l'emprisonnement, :1 sc vit condamner par le Parlement à un bannissement perpétuel.
Dc Lécluse, frère du precedent, deuxième vicaire de Saint-Médard. Molinistc enragé, théo­logal de .Metz.