Bulletin de la Montagne Sainte-Genevieve tIV 1904 - http://www.archive.org/details/bulletindelamont04comi

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l'administration de la paroisse un esprit de prosélytisme poussé à l'excès. Ce fut ce fanatisme qui l'entraîna, lui et ses marguilliers, à intervenir, au mépris de tout droit et de toute justice et à l'encontre des intérêts tant spirituels que temporels de son église, dans le procès intenté à la congrégation des Pères du Saint-Esprit (i), dont tous les membres appartenaient au parti moliniste, par les héritiers de Charles Le Bègue, ancien vicaire de Saint-Médard (2), au sujet de la donation de quarante quatre mille francs faite par ce dernier à cette compagnie (3). Appelant et réappelant, Nicolas Pomart faisait partie de cette pha-

(1) La Congrégation des Pères du Saint-Esprit fut fondée le 27 mai 1703 par Claude-François Poullard-Desplaces, prêtre du diocèse de Rennes, pour former à l'état ecclésiastique des jeunes gens peu fortunés. En 1704 l'archevêque de Paris approuva ses règles ct constitution et vingt-deux années plus tard son existence légale fut reconnue par le gouvernement royal (lettres

t patentes de mai 1726, 17 décembre 1726, 17 juillet 1727). Ses élèves renonçaient à toutes dignités I supérieures de l'Eglise et devaient se contenter de servir comme prêtres dans les hôpitaux et les paroisses très pauvres. Enfin unepaitiese consaciait aux missions dans le royaume étaux colonies.

Etablie d'abord dans la rue des Cordiers, la Congrégation ne tarda pas à s'étendre. Très intelligent, son fondateur sut se créer de puissantes protections qui l'aidèrent puissamment dans son œuvre. Le successeur de Poullard-Desplaces acquit un vaste terrain situé rue des f Postes (rue Lhomond actuelle) au coin du cul-de-sac des Vignes (aujourd'hui rue Rataud) et fit construire un grand bâtiment donnant sur cette dernière impasse. En 1769, François Becquet, troisième successeur du fondateur de Ia Communauté, fit élever les bâtiments actuellement en bordure sur la rue Lhomond, ainsi que la chapelle qui y fait suite. La prtmière pierre dc ces nouvelles constructions fut posée le 22 septembre 1769 par M. de Sartines et bénie par de Beaumont, archevêque de Paris. Les travaux des bâtiments et de la chapelle furent entrepris en même temps. Interrompus à diflérentes reprises par suite de manque de ressources, ils ne furent terminés qu'en 1780. La chapelle, construite sur les dessins de Chalgrin, fut bénie le 16 juillet 1786 par François de Bonal, évêque de Clermont.

La Congregation du Saint-Esprit disparut pendant la Terreur et ses membres durent se disperser. A l'époque du Concordat un ancien membre de la Communauté, "M. Bertrand, rétablit le séminaire qui fut reconnu d'utilité publique par décret impérial de 1805. Fermé trois années plus tard, lors du decret de 1808, qui interdisait les congrégations religieuses en France, il ne fut reconstitué qu'en 1816 ; à ce moment la Congrégation recouvra son existence légale et reprit possession de sa maison de la rue des Postes.

A part quelques vicissitudes à la suite des jo rnées de juillet 1830 et durant l'insurrection du 18 mars 1871, la Congrégation des Pères du Saint-Esprit n'a cessé, depuis cette époque, de subsister. Ses membres se consacrent spécialement à évangéliser les colonies ainsi que les peuplades de l'Afrique et de l'Amérique.

(2) Charles Le Bègue était vicaire à Saint-Médard quand Nicolas Pomart y fut nommé curé.

(3) Ce legs avait été fait sous la condition expresse que l'on célébrerait chaque année un anniversaire à la mémoire du donateur et que les séminaristes de la Communauté du Saint-Esprit assisteraient les dimanches et fêtes à l'office de Saint-Médaid. Voir sur cette affaire les archives des Pères du Saint-Esprit et les nombreuses consultations publiées à cette époque, notamment celle ayant pour titre : Pièces des héritiers de Charles lebegue, prêtre, contre les soi-disans super ieurs et directeurs de la prétendue communaute d'étudians, qui prend aujourd'hui le nom de Seminaire du Saint-Esprit, sous l'invocation dc la Sainte Vierge conçue sans péché. Eu la cause qui se plaide en la Grand'Çhambre oit M. le Cardinal de Noailles, archevêque d' Paris, l'Université de la même Ville, et la

paroisse dc Saint-MiUard, en laquelle cette communauté veut s'établir, sont intervenants.



	— ₇2 — l'administration de la paroisse un esprit de prosélytisme poussé à l'excès. Ce fut ce fanatisme qui l'entraîna, lui et ses marguilliers, à intervenir, au mépris de tout droit et de toute justice et à l'encontre des intérêts tant spirituels que temporels de son église, dans le procès intenté à la congrégation des Pères du Saint-Esprit (i), dont tous les membres appartenaient au parti moliniste, par les héritiers de Charles Le Bègue, ancien vicaire de Saint-Médard (2), au sujet de la donation de quarante quatre mille francs faite par ce dernier à cette compagnie (3). Appelant et réappelant, Nicolas Pomart faisait partie de cette pha- (1) La Congrégation des Pères du Saint-Esprit fut fondée le 27 mai 1703 par Claude-François Poullard-Desplaces, prêtre du diocèse de Rennes, pour former à l'état ecclésiastique des jeunes gens peu fortunés. En 1704 l'archevêque de Paris approuva ses règles ct constitution et vingt-deux années plus tard son existence légale fut reconnue par le gouvernement royal (lettres t patentes de mai 1726, 17 décembre 1726, 17 juillet 1727). Ses élèves renonçaient à toutes dignités I supérieures de l'Eglise et devaient se contenter de servir comme prêtres dans les hôpitaux et les paroisses très pauvres. Enfin unepaitiese consaciait aux missions dans le royaume étaux colonies. Etablie d'abord dans la rue des Cordiers, la Congrégation ne tarda pas à s'étendre. Très intelligent, son fondateur sut se créer de puissantes protections qui l'aidèrent puissamment dans son œuvre. Le successeur de Poullard-Desplaces acquit un vaste terrain situé rue des f Postes (rue Lhomond actuelle) au coin du cul-de-sac des Vignes (aujourd'hui rue Rataud) et fit construire un grand bâtiment donnant sur cette dernière impasse. En 1769, François Becquet, troisième successeur du fondateur de Ia Communauté, fit élever les bâtiments actuellement en bordure sur la rue Lhomond, ainsi que la chapelle qui y fait suite. La prtmière pierre dc ces nouvelles constructions fut posée le 22 septembre 1769 par M. de Sartines et bénie par de Beaumont, archevêque de Paris. Les travaux des bâtiments et de la chapelle furent entrepris en même temps. Interrompus à diflérentes reprises par suite de manque de ressources, ils ne furent terminés qu'en 1780. La chapelle, construite sur les dessins de Chalgrin, fut bénie le 16 juillet 1786 par François de Bonal, évêque de Clermont. La Congregation du Saint-Esprit disparut pendant la Terreur et ses membres durent se disperser. A l'époque du Concordat un ancien membre de la Communauté, "M. Bertrand, rétablit le séminaire qui fut reconnu d'utilité publique par décret impérial de 1805. Fermé trois années plus tard, lors du decret de 1808, qui interdisait les congrégations religieuses en France, il ne fut reconstitué qu'en 1816 ; à ce moment la Congrégation recouvra son existence légale et reprit possession de sa maison de la rue des Postes. A part quelques vicissitudes à la suite des jo rnées de juillet 1830 et durant l'insurrection du 18 mars 1871, la Congrégation des Pères du Saint-Esprit n'a cessé, depuis cette époque, de subsister. Ses membres se consacrent spécialement à évangéliser les colonies ainsi que les peuplades de l'Afrique et de l'Amérique. (2) Charles Le Bègue était vicaire à Saint-Médard quand Nicolas Pomart y fut nommé curé. (3) Ce legs avait été fait sous la condition expresse que l'on célébrerait chaque année un anniversaire à la mémoire du donateur et que les séminaristes de la Communauté du Saint-Esprit assisteraient les dimanches et fêtes à l'office de Saint-Médaid. Voir sur cette affaire les archives des Pères du Saint-Esprit et les nombreuses consultations publiées à cette époque, notamment celle ayant pour titre : Pièces des héritiers de Charles lebegue, prêtre, contre les soi-disans super ieurs et directeurs de la prétendue communaute d'étudians, qui prend aujourd'hui le nom de Seminaire du Saint-Esprit, sous l'invocation dc la Sainte Vierge conçue sans péché. Eu la cause qui se plaide en la Grand'Çhambre oit M. le Cardinal de Noailles, archevêque d' Paris, l'Université de la même Ville, et la paroisse dc Saint-MiUard, en laquelle cette communauté veut s'établir, sont intervenants.