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après la mort dans le sanctuaire d'une église était un honneur envié, et par suite, très recherché. Aussi rencontre-t-on peu de familles notables qui ne fussent pas, au xive et au xve siècles, pro­priétaires d'une ou plusieurs chapelles réservées. Les églises, et en particulier celles de Paris, en étaient encombrées.
Celle édifiée « au dedans de ladicte église parochiale de Sainct-Médard, icelle église parochiale appartenans aus dicts relligieux de Saincte-Genevièfve età leur disposition » est une des plus anciennes que l'on connaisse et, en même temps, une de celles qui subsistèrent le plus longtemps. Elle fut fondée sous le règne de Charles V, à une date que l'on ne saurait préciser exactement, mais qui ne peut être postérieure à i38o, année où mourut ce monarque, par Clément de Reilhac, seigneur de Brigueil en Limousin, d'Angerville-la-Gasteen Beauce, conseiller du duc Philippe de Bourgogne et avocat du roi au parlement de Paris (i), qui y fut inhumé en i3gg. Deux ans plus tard, le io juillet 1402 (-2), son frère puiné, Pierre de Reilhac, conseiller au Parlement, l'y rejoignit; ce sont les seuls personnages dont il a été possible de constater avec certitude l'en­sevelissement dans cette chapelle (3).
En fondant une chapelle « honneste (4) à chanter et célébrer messes », Clément de Reilhac avait eu l'intention de disposer en sa
(i) Clément de Reilhac, seigneur de Brigueil en Limousin, d'Angerville-la-Gaste en Beauce, appartenait à une ancienne famille du Limousin. Protégé d'abord par le duc de Berry, frère du roi Charles V, et plus tard par le due de Bourgogne, dont il était le conseiller, il s'éleva rapidement, grâce à ses talents, à une très haute situation. Possesseur d'une des plus grandes fortunes d'alors, il prêta de l'argent au Trésor durant la guerre de Cent ans et se trouva mêlé à la plupart des affaires importantes de cette époque. En 1398 il devint avocat au parlement en remplacement de Jean Le Coq, charge très importante qui consistait à repré­senter le pouvoir royal aux séances du parlement. U mourut le io septembre 1399, pensionné par plusieurs villes de France et par un certain nombre de chapitres ecclésiastiques. Son hôtel était situé entre la place Maubert et le Petit-Pont; il tenait d'une part à la rue Galande et de l'autre à la ruelle des Trois-Portes.
(2)   Lundi, io juillet 1402 : « X' jour, fut plaidoié par environ une heure, et après furent prononcez arrests par environ heure et demie et puis ala la court à Saint Marcel aux exeques de maistre Pierre Reilhac, feu conseiller du Roi nostre sire céans. » (Archives nationales X1» 1478 f° 72 v°).
(3)  On ignore si Pi-rrenelle de Maignac, veuve de Clément de Reilhac, a été ensevelie a Saint-Médard ; aucun document n'en fait mention, pas plus, du reste, que de son inhumation dans les églises Saint-Paul, de l'Ave-Maria et de Saiiit-Séverin où l'on trouve des Reilhac enterres. Cependant il est extraordinaire que cette noble dame, nièce du cardinal êvêque de Paris et possédant un hotel près de la cathédrale, n'ait pas été inhumee dans une des églises de la capitale et surtout à Saint-Médard, dans la chapelle où reposait son mari.
Dans son ouvrage, Jean de Reilhac, sécrétaire, maître des comptes, général des finances et ambassadeur des rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII, M. de Reilhac a émis 1 hypothèse que ce personnage important du xv" siècle a peut-être été enterré à Saint- Médard, dans la chapelle fondée par son ancêtre; cette supposition n'a rien d'invraisemblable.
'4) Honneste dans la signification de Convenable.