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entourée au midi par un square minuscule (i) et accotée au nord à de vieilles masures, une des plus anciennes églises de la capitale : Saint-Médard (2).
Avec sa façade ravagée (3), les vitraux de son tympan aux deux tiers détruits, les bas-côtés de sa nef en partie mutilés et de moitié plus étroits que ceux du chevet, son cheeur dont la voûte en bois, que consolident des traverses de fer, n'a jamais été achevée, cette antique église porte bien le cachet de pauvreté et d'humilité qui convenait à la paroisse d'un quartier déshérité. Car le « quartier Mouffetard », comme on l'appelait encore il y a un quart de siècle, était loin de compter parmi les plus riches de la capitale; il en était peut-être le plus pauvre et le plus misérable. Habité par une popu­lation « la plus remuante et la plus indisciplinée de Paris », reculée « de plus de trois siècles par rapport aux arts et aux mœurs régnantes », où l'on voyait «une famille entière occuper une seule chambre » garnie de meubles sordides « ne valant pas vingt écus » et dans laquelle les enfants couchaient « pêle-mêle », « ce peuple-là » (41 n'avait rien de ce qui est nécessaire pour attirer et
dus, ainsi qu'en témoignent les titres du xiii» siècle parvenus jusqu'à nous, cette rue ne s'appelait plus Mout-Cétard, mais Mouffetard, deuxième transformation du nom primitif. L'orthographe de ce nom a, du reste, extrêmement variée. Si dans les terriers de l'abbaye de Sainte-Geneviève de la fin du xiii6 siècle on le trouve écrit Moufetard, on relève aussi Mou­fetard, Mofetard, Moufetart, Mouflard, Mostart, Montberard, Mont-Fustard (Viard. Lettres de rémission accordées par Philippe Vl des 15-31 octobre 1347)... etc.
Au commencement du xvii1 siècle la rue Mouffetard s'est appelée rue Saint-Marcel, Grande Rue Saint-Marcel et Vieille Rue Saint-Marcel. Elle commence aujourd'hui à la rue Thouin et se termine à la rue Censier.
La porte Saint-Mat cel, dont il est parlé plus haut, était ménagée dans le mur d'enceinte construit sous Philippe-Auguste. Elle s'appela primitivement porte Bordelhf,à\i nom de Pierre de Bordelles, personnage important du xii» siècle. L'orthographe du nom de cette porte s'est, par corruption, souvent modifiée. On a écrit Bordèle, Bordel, Bourdelles, Bardel, Bordet et Bordettes jusqu'au jour où « la pudeur lui a fait quitter ce sale et impudique nom » (André Du Chène); c'est alors qu'on l'appeia/orle Saint-Marcel. Elle fut démolie en 1686. C'est par cette perte que les évêques de Paris, nouvellement nommés, faisaient, au moyen-âge, leur entrée dans la capitale.
(1) Ce_square date de nos jours ; il n'a été livré au public que le Ier septembre 1874.
(2)  Jusqu'à la Révolution l'église s'appela : Saint-Médard-lez-Paris ; lez dans la signi­fication de à côté de, près de.
(3)  Cette façade vient d'être l'objet d'une légère réfection. Les travaux qui y ont été effectués sont des plus superficiels ; on s'est contenté de refaire les joints et de masquer les vitraux manquant au tympan. Ce n'est pas là ce qu'on peut appeler une restauration.
(4)  .Mercier, Tableau de Paris. Voici, du reste, en quels termes cet auteur nous dépeint le <* quarticr Mouffetard à la fin du xviii- siècle, c'est-à-dire à la veille de la Révolution : « Si on
fait un voyage en ce pays-là, ce n'est que par pure curiosité. Rien ne vous y appelle ; il n'y a pas un seul monument à y voir. Les maisons n'y ont point d'autres horloges que le cours du soleil et les gens qui les habitent forment la populace de Paris la plus pauvre, la plus remuante et la plus indisciplinée. 11s n'ont aucun rapport avec les Parisiens, habitants polis